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Ancient Greek Culture Sleeping Maenad early 2nd century AD marble (excavated in Athens) National Archaeological Museum, Athens |
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Vincenzo Pacetti The Barberini Faun 1799 terracotta (modello for reconstruction of antique fragments) Bode Museum, Berlin |
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Francesco Antonio Meloni after Marcantonio Franceschini Cupid approaching Sleeper with Flaming Torch ca. 1700 etching Hamburger Kunsthalle |
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Frans van Mieris the Elder Sleeping Courtesan 1669 oil on copper Galleria degli Uffizi, Florence |
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Wilhelm Trübner Dead Christ 1874 oil on canvas Hamburger Kunsthalle |
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Andrea del Verrocchio Sleeping Youth ca. 1470-75 terracotta (studio study-guide) Bode Museum, Berlin |
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Octave Pichault Study of Sleeper 1907 oil on canvas Musée Sainte-Croix, Poitiers |
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Henri Fantin-Latour Sleeping Nymph ca. 1895 oil on canvas Musée des Beaux-Arts de Reims |
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Nicolas Bachelier The Entombment ca. 1526 stone relief fragment Musée des Augustins de Toulouse |
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Edward Burne-Jones Study for painting, The Sleep of Arthur at Avalon ca. 1881 drawing, with added watercolor and gouache Carnegie Museum of Art, Pittsburgh |
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Pierre-Albert Begaud Child sleeping between Man's Knees ca. 1930 gouache on paper Musée des Beaux-Arts de Bordeaux |
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Eugène Delacroix after Peter Paul Rubens The Entombment 1836 oil on canvas Joslyn Art Museum, Omaha |
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Domenico Maggiotto (Domenico Fedeli) Sleeping Shepherdess ca. 1775 oil on canvas Hamburger Kunsthalle |
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Marcantonio Raimondi Satyr discovering Sleeping Nymph ca. 1501-1503 engraving Kupferstichkabinett, Staatliche Museen zu Berlin |
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Nicolas Régnier Sleeper awakened with a Spent Match ca. 1617-20 oil on canvas Musée des Beaux-Arts de Rouen |
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Jan Vonck Dead Birds ca. 1660 oil on panel Dordrechts Museum |
Et certainement que Michelet, dans le premier choc que lui causa le tableau (il a cru s'évanouir, écrit-il, et on veut bien le croire), a eu sur-le-champ la révélation dont il tirera plus tard la célèbre exégèse qui tient en douze pages. Il y vu une cène laїque, peut-être, le première cène laїque précise-t-il, celle où bravement on sacrifie encore le pain et le vin en l'absence du Christ, malgré cette absence, par-dessus cette absence, car on est devenu plus fort que cette absence; il a vu et bien vu que c'était une véritable cène, c'est-à-dire en onze hommes séparés une âme collective, et non pas une simple collection d'hommes. Et en cela il n'est pas sans raison; tout au plus peut-on lui objecter que, si Dieu est un chien, l'absence de Dieu est une chienne. Et puisque c'était une cène, il fallait bien qu'il y eût une table, et sur celle-ci les pains de quatre livres et le vin de Clamart; aussi les extrapola-t-il, table, pain et vin. Il ne fut pas gêné que les onze fussent debout, et non pas rêveusement assis comme dans les cènes classiques; au contraire, il écrit que sa cène républicaine renoue avec le repas originaire, évangélique, qui se prend le bâton à la main, debout et les reins ceints – d'une ceinture de marche ou de celle à la nation, dans l'urgence. Et la présence de Collot dans le tableau, sur les deux tableaux, ne le gêna pas davantage: au contraire elle le conforta, car parmi les convives de ce genre de repas, on a du mal à se passer de Judas, même si on peut passer du Christ, comme Les Onze le prouvent.
– Pierre Michon, from Les Onze (Verdier, 2009)